J’ai eu le grand plaisir de participer à l’organisation et au déroulement d’une activité au centre d’archives de Montréal des Archives nationales du Québec le 22 novembre 2023 dans le cadre de la Semaine nationale de la généalogie. L’équipe de recherche en généalogie, histoire et sociologie des Amis de BAnQ1, dont je suis membre, a présenté un projet intitulé « Une saison dans la vie de … ».
« S’inspirant d’une image ou photographie de la vie d’un(e) ancêtre, chacune des neuf femmes de l’équipe a effectué des recherches généalogiques, historiques et sociologiques et a rédigé un court texte. Ces documents iconographiques et ces textes ont été superbement reproduits sur des affiches conçues par l’équipe de l’éducation et de l’action culturelle de BAnQ. Présente à une table près de son affiche, chaque participante présentait certaines références issues de ses recherches. »2

J’ai naturellement écrit un texte sur Émile Fournier. En cherchant de l’information sur le développement du réseau routier de la Gaspésie, j’ai découvert la magnifique photo3 ci-dessous. Elle montre la majestuosité des paysages de cette région québécoise ainsi que les défis de construction d’une route dans cette nature hostile dans les années 1920. J’ai tout de suite imaginé Émile dans son automobile découvrant pour la première fois la côte nord de la Gaspésie.


Gaspésie, à nous deux !
Août 1929 – Émile Fournier quitte en voiture Gaspé très tôt en direction de Sainte-Anne-des-Monts. Depuis quelques jours, il emprunte pour la première fois la nouvelle route ceinturant la Gaspésie. Un sentiment d’aventure le saisit au volant de sa voiture à chaque tournant serré et au sommet de chaque côte. Quelle nature grandiose se déroule devant lui! Et tout à coup, à quelques kilomètres de Manche d’Épée, petit poste de pêche, il se retrouve seul sur la route devant le cap du Gros-Morne ! Après avoir klaxonné pour manifester sa présence auprès d’autres automobilistes cachés par la falaise, Émile se stationne, descend de son automobile et contemple ce spectacle naturel impressionnant.
Le boulevard Perron ceinturant l’ensemble de la péninsule gaspésienne est complété et inauguré depuis la fin juillet. Cette route est nommée ainsi en l’honneur du ministre de la Voirie, Joseph-Léonide Perron. Elle remplace à plusieurs endroits des chemins mal entretenus et non sécuritaires en automobile. L’isolement des communautés gaspésiennes entre elles est enfin brisé. Encore à cette époque, certaines régions n’étaient accessibles que par la voie maritime. Le boulevard Perron accélérera le développement économique et touristique de la région. Le nombre d’hôtels double en dix ans, passant de 50 en 1930 à 100 en 1939. L’expansion continue après 1945 et la région compte 189 hôtels en 1956.
Émile Fournier connaît bien la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent. Depuis 1921, il y vend aux commerçants, hôteliers et restaurateurs les produits de Cassidy Limitée, un importateur de porcelaine, de vaisselle fine ainsi que d’équipement d’hôtellerie et de restauration. Le boulevard Perron lui permet de mieux desservir et d’augmenter sa clientèle. Il participe à sa façon à l’essor touristique de ces deux régions en favorisant l’établissement d’hôtels et de restaurants équipés selon leurs besoins et à la fine pointe de la technologie de l’époque.
J’expliquerai plus en détail mon processus de recherche et décrirai certaines sources consultées dans un prochain billet. J’en profiterai pour vous faire découvrir un trésor, BAnQ numérique.
Notes et sources
- BAnQ est l’acronyme de Bibliothèque et Archives nationales du Québec ↩︎
- Amis de BAnQ. Info-Bulle, décembre 2023, https://bit.ly/3RwBvdL ↩︎
- Cap Gros Morne, Gaspé, Qué. https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/1957535 ↩︎






