Ma première poursuite

Plusieurs ancêtres attisent ma curiosité. Mon arrière-grand-père paternel Phydime Rock Arthur Bélanger de L’Islet était arpenteur. Dans les années 1880, il est engagé par le gouvernement fédéral pour arpenter dans l’Ouest canadien. Il s’établit à Ottawa avec sa famille en 1891. Il sillonne le pays du Manitoba jusqu’à la Colombie britannique, et même les Territoires du Nord-Ouest, jusqu’à sa mort en 1917. Quatre de ses fils se sont installés dans cette région, deux au Manitoba, deux autres, d’abord en Alberta puis en Colombie Britannique. J’aimerais refaire leur périple dans ces contrées.

Tout comme près d’un million de Canadiens français, mon arrière-grand-père maternel Rémi Perras de Saint-Rémi-de-Napierville tente sa chance aux États-Unis au début du XXe siècle. Il entraîne sa famille, dont ma grand-mère Alma, à Kankakee en Illinois et l’aventure dure dix ans. Que de questions : pourquoi l’Illinois plutôt que la Nouvelle-Angleterre? Comment la famille s’est-elle intégrée au mode de vie américain? Y-a-t-il une communauté francophone à Kankakee comme les « Petits Canadas » de l’Est américain?

J’ai choisi toutefois d’en savoir plus sur mon grand-père maternel, Émile Fournier, originaire de L’Islet et voyageur de commerce pendant près de quarante ans pour l’entreprise Cassidy Limitée. Ce choix est motivé par le décès de ma mère Viviane Fournier en 2015 et de son frère Gaston Fournier en 2013. La perte de ces derniers témoins directs d’une période de la vie familiale me pousse à colliger les souvenirs de ceux et celles qui restent. Soyez sans crainte, je reviendrai à mes arrière-grands-pères.

Émile Fournier est l’aïeul que j’ai connu le plus longtemps, soit 25 ans. J’ai côtoyé un grand-père à la retraite, mais je sais peu de chose de son enfance, son éducation et son séjour à Montréal où il rencontre et épouse Alma Perras revenue de Kankakee. Comment et pourquoi un fils de cultivateur devient-il voyageur de commerce, métier qu’il pratique dans les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie de 1920 à 1960 environ? Quelles sont ses tâches? En quoi consiste une journée type? Quels moyens de transports utilise-t-il pour couvrir un si grand territoire? Comment communique-t-il avec ses clients?

J’essaierai de répondre à toutes ces questions dans les prochains billets. Ma poursuite sera-t-elle facile ou semée d’embuches? C’est ce que vous apprendrez en m’accompagnant dans mon périple.

Mot de bienvenue

C’est décidé. Je me lance à la poursuite de mes ancêtres Dion, Bélanger, Fournier et Perras. Pas tous en même temps, un à la fois.

La genèse de ce blogue est un atelier intitulé « Fragments biographiques et histoire sociétale. Atelier où convergent généalogie, histoire et sociologie ». Il était animé à l’automne 2019 par Claire Fortier, professeure en sociologie à la retraite, dans le cadre des activités culturelles offertes par les Amis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. L’approche proposée par l’animatrice m’intriguait. Il ne s’agissait pas seulement de faire un arbre généalogique, mais plutôt de raconter une partie de la vie d’un ancêtre en la situant dans l’histoire sociale d’une époque. J’ai été emballée par une proposition qui me permettait de combiner ma curiosité pour la vie de mes ancêtres avec mon grand intérêt pour la grande et la petite histoire en y ajoutant la découverte de la sociologie. Je tenterai donc dans ce projet d’écrire des fragments de la vie de quelques-uns de mes aïeux, en les situant dans le milieu où ils vivaient. J’essaierai aussi de cerner comment des caractéristiques de leur époque ont pu les influencer tout en examinant dans quelle mesure ils auraient contribué à l’évolution de la société.

Pourquoi écrire un blogue?

  • Pour rédiger des textes courts dans un style d’écriture personnel, moins formel que pour un documentaire ou un article de revue professionnelle. Je souhaite ainsi trouver le plaisir d’écrire régulièrement.
  • Pour transmettre mes trouvailles à plus de personnes possibles sans encombrer leur boîte de courriel et faire de multiples copies imprimées.
  • Pour établir un dialogue avec les lecteurs. Ceux-ci pourront laisser des commentaires sur mes textes, me communiquer de nouveaux renseignements ou me faire connaître de nouvelles sources d’information.

En plus de communiquer les résultats de mes recherches, je désire partager mes lectures, présenter certaines sources d’information particulièrement intéressantes et décrire les difficultés rencontrées pendant mon périple généalogique. Je me lance dans cette aventure avec la curiosité d’une néophyte et la passion d’une amateure de généalogie, d’histoire et de sociologie.

J’ai piqué votre curiosité? Mon prochain billet vous présentera mes familles et l’heureux élu de ma première poursuite.

Source : Fortier, Claire. 2020. «Faire de la généalogie d’un point de vue sociologique». Mémoires de la Société généalogique canadienne-française 71 (4) : 289-293.