Recensement canadien de 1931

J’attendais impatiemment la publication des données du recensement canadien de 1931. Les images numérisées des réponses sont disponibles pour consultation sur le site de Bibliothèques et Archives Canada depuis le 1er juin 2023 (https://recherche-collection-search.bac-lac.gc.ca/fra/recensement2/indice1931). Pour le moment, les chercheurs peuvent explorer les données du recensement uniquement par sous-districts. Il faudra attendre à l’automne pour interroger la transcription de tous les champs du recensement. L’indexation et la validation de la transcription sont effectuées en partenariat avec Ancestry et Family Search en utilisant pour la première fois l’intelligence artificielle.

Ancestry a toutefois annoncé le 9 juin 2023 que la firme avait terminé la reconnaissance et l’indexation des données du recensement. Il est donc possible depuis cette date d’interroger gratuitement (du moins au moment d’écrire ce billet) la base de données et de trouver nos ancêtres plus facilement sur le site d’Ancestry (ancestry.ca). Je recommande d’utiliser ce service de recherche jusqu’à ce que Bibliothèque et Archives Canada offre les mêmes possibilités.

Qu’apprend-on sur Émile Fournier (1)?

  • Au 1er juin 1931, il est âgé de 40 ans et demeure au village de Bonsecours, aujourd’hui L’Islet (2), avec son épouse Alma, aussi âgée de 40 ans, et leurs deux enfants Vivianne (10 ans) et Gaston (6 ans).
  • Il est propriétaire de sa maison qui vaut 1 800$ et la famille possède un appareil radio.
  • Il sait lire et écrire.
  • Dans la section « Occupation et Industrie », il est inscrit qu’Émile est voyageur dans le commerce du bois (un fait nouveau pour moi ou peut-être une erreur) et que ses gains pour les douze derniers mois totalisent 2 000$.

Je devrai vérifier comment ce revenu se compare au revenu moyen de l’époque. En parcourant les renseignements sur les autres résidents du village, on s’aperçoit que les deux médecins, le notaire, le gérant de banque, le marchand général, l’ingénieur de voirie, l’agronome et quelques capitaines et pilotes de navire ont des revenus semblables ou plus élevés qu’Émile Fournier.

Les données du recensement de Bonsecours illustrent une caractéristique de ce village. Il est reconnu comme une véritable pépinière de marins. Le capitaine Joseph-Elzéar Bernier, originaire de L’Islet et issu d’une lignée de navigateurs, « (…) est sans doute le plus connu des navigateurs québécois qui ont sillonné les eaux du fleuve Saint-Laurent et de l’Atlantique Nord au XIXe siècle » (3). Vers 1925, on y comptait « plus de 300 marins, soit plus que partout ailleurs sur la Côte du Sud » (4).


Notes et sources

(1) Ancestry.com, « Recensement du Canada de 1931 », s.d. (consulté le 15 juin 2023). https://www.ancestry.ca. Image 1931_53-e011586091.

(2) Le 1er janvier 2000, la ville de L’Islet, la municipalité de L’Islet-sur-Mer et la municipalité de la paroisse de Saint-Eugène se regroupaient pour constituer une nouvelle municipalité désignée sous le nom L’Islet-sur-Mer–Saint-Eugène–L’Islet; le 11 novembre 2000, ce dernier était changé pour celui de L’Islet. Source : Québec. Commission de toponymie. s.d. (consulté le 15 juin 2023). L’Islet. https://toponymie.gouv.qc.ca/ct/ToposWeb/fiche.aspx?no_seq=363793&v=imprimable .

(3) Québec. Conseil du patrimoine culturel. s.d. ( consulté le 20 juin 2023). Bernier, Joseph-Elzéar. https://cpcq.gouv.qc.ca/patrimoine-culturel/designations/personnages-historiques/bernier-joseph-elzear/.

(4) Gilles Boulet et Yolande Laprise. 1975. « L’Islet-sur-Mer, berceau de capitaines et de légendes ». La presse, 1975-09-06, Collections de BAnQ. https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2605107.

Naissance de Joseph Émile Fournier

Ma poursuite commence à L’Islet en 1891. Joseph Émile Fournier nait le 10 avril 1891 dans le deuxième rang, dit des Belles Amours, de la Paroisse de Notre-Dame-de-Bonsecours de L’Islet [1] située dans la région de la Côte-du-Sud de la Province de Québec. Ses parents sont Joseph Abraham Fournier (1856-1922) cultivateur et Marie Emma Bélanger (1864-1913), tous deux nés et mariés [2] à L’Islet. Émile est baptisé le lendemain. Son parrain est Blaise Caouette et sa marraine Eugénie Bélanger, sœur de la mère de l’enfant et épouse du parrain. Le père est absent de la cérémonie.

Acte de baptême, Registres d’état civil et registres paroissiaux (Collection Drouin), image d1p_10131116 [3]

Une première surprise m’attend à la consultation du recensement de 1901. Je croyais qu’Émile n’avait qu’une sœur prénommée Yvonne. Je lui découvre un frère et trois sœurs dans ce document. Après la consultation des Registres d’état civil et registres paroissiaux de la Collection Drouin sur Ancestry, je trouve deux autres sœurs mortes très jeunes, dont une à la naissance. Joseph et Emma Fournier ont donc eu sept enfants, cinq filles et deux garçons. Émile est le cinquième de la fratrie.

Recensement du Canada 1901, image z000146817 [4]

PrénomsNaissanceLieuDécèsLieu
Marie Délia30 octobre 1886L’Islet28 janvier 1904L’Islet
Joseph Albéric11 janvier 1888L’Islet13 juillet 1953L’Islet
Marie Emma Ivonne8 décembre 1888L’Islet28 juillet 1975Lévis
Marie Reine Angéline14 juin 1890L’Islet14 juillet 1890L’Islet
Joseph Émile10 avril 1891L’Islet7 juin 1979Trois-Rivières (Pointe-du-Lac)
Marie Lucie Emma19 juin 1892L’Islet9 août 1901L’Islet
Anonyme (fille)26 août 1893L’Islet26 août 1893L’Islet
FAMILLE DE JOSEPH ABRAHAM FOURNIER ET DE MARIE EMMA BÉLANGER [5]

Entre l’âge de 10 et 13 ans, Émile perd deux sœurs, Lucie en 1901 décédée à l’âge de neuf ans, et sa sœur aînée Délia en 1904, âgée de dix-sept ans. Je ne connais pas les causes de ces décès. Est-ce qu’elles sont mortes à la suite d’une maladie ou victimes d’un accident? On peut supposer toutefois que leur disparition a marqué le jeune Émile. Voici donc une nouvelle piste de recherche. Quelle place prend la mort, particulièrement la mortalité infantile, dans la vie familiale au Québec au début du XXe siècle? Je tenterai d’y répondre dans un futur billet.


Notes et Sources :

[1] J’utiliserai le vocable « L’Islet » dans le reste du texte.

[2] Leur mariage a été célébré le 26 janvier 1886. Ancestry.com. s.d. (consulté le 13 mars 2023). « Registres d’état civil et registres paroissiaux (Collection Drouin), Québec, Canada, 1621 à 1968». https://www.ancestry.com. Image d1p_10130927.

[3] Ancestry.com. s.d. (consulté le 13 mars 2023). «Registres d’état civil et registres paroissiaux (Collection Drouin), Québec, Canada, 1621 à 1968». https://www.ancestry.com. Image d1p_10131116.

[4]FamilySearch.org. s.d. (consulté le 13 mars 2023). «Canada Census, 1901». https://familysearch.org/ark:/61903/1:1:KH5W-2DY : 23 February 2021). Images z000146816 et z000146817.

[5] Ancestry.com. s.d. (consulté le 13 mars 2023). «Registres d’état civil et registres paroissiaux (Collection Drouin), Québec, Canada, 1621 à 1968». https://www.ancestry.com. Images d1p_10130950, d1p_10140202, d1p_10131003, d1p_10131031, d1p_10131084, d1p_10131089, d1p_10131116, d1p_10131155, d1p_10140103, d1p_10131197.

Émile Fournier, voyageur

« Benoit, va au bureau de poste chercher le courrier svp! N’oublie pas de demander le courrier d’Émile Fournier, voyageur ». Alma Perras Fournier confie souvent cette tâche à son petit-fils lorsqu’il vient visiter ses grands-parents à L’Islet pendant les vacances d’été dans les années 1950. 

L’épithète « voyageur » suit souvent le nom d’Émile Fournier pour l’identifier dans les journaux et les actes des registres paroissiaux. Elle permet entre autres de le différencier dans son village du capitaine Émile Fournier, maire de L’Islet de 1926 à 1950. Par exemple, on peut voir ci-dessous une notice nécrologique des funérailles de Madame Cléophas Cloutier parue dans Le Soleil, journal de Québec, du 29 octobre 1945. On y indique que « Les porteurs étaient MM. Émile Beaulieu, Albert Normand, Émile Fournier, voyageur, Arthur Létourneau, Dr. Gérard Plourde, Émile Fournier, maire du village. »

Son métier apparait aussi dans l’acte de baptême de Joseph Émile Gaston Fournier, né le 13 mars 1925 et fils légitime de Joseph Émile Fournier voyageur de commerce.

Dans l’article ci-dessous, le journaliste du journal « Le Peuple » de Montmagny mentionne en plus le nom de son employeur. Dans le numéro du 5 août 1921, on apprend que « M. Émile Fournier, voyageur de commerce de la maison Cassidy’s Limited, était de passage chez son père, M. Jos. Fournier, et son beau-frère, M. Ernest Caron, le 17 du courant. »

Émile Fournier est identifié dans les sources comme voyageur de commerce pendant près de quarante ans, soit de 1921 jusqu’à sa retraite en 1960. Les futurs billets de ce blogue couvriront ces années de façon approfondie. Commençons toutefois par faire connaissance avec l’enfant et l’étudiant ainsi qu’avec le village et la région où il grandit.


Sources :

Le soleil . 1945. « Funérailles de Madame C. Cloutier ». 29 octobre 1945. Collection de BAnQ . https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3439622.

Le peuple : organe du district de Montmagny. 1921. « Anse à Gilles Station ». 5 août 1921. Collections de BAnQ. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4020080